Objet : Article sur l’avenir du conflit
israélo-palestinien.
Israël - Palestine :
Un nouveau départ sera-t-il encore possible ? Une perspective !
Le projet initial, maintenu ou non à l’avenir, du premier ministre israélien
Benjamin Netanyahou d’engager Israël à occuper administrativement et
militairement la bande de Gaza après l’opération anti-Hamas actuelle, serait
inique et indéniablement contreproductif sur les plans diplomatique,
stratégique, tactique et éthique.
Outre l’opprobre internationale que produirait une telle action, au risque de
voir Israël perdre le soutien précieux de certains gouvernements et États,
cette nouvelle occupation de Gaza pour une durée indéterminée coûterait très
cher à la société ainsi qu’à l’économie israélienne, sans compter le nombre de
troupes qu’il faudrait durablement y positionner en plus de celles depuis
longtemps actives en Cisjordanie et désormais sur le front nord face au Liban
et à la Syrie…
Encore une jeunesse israélienne sans cesse mobilisée et bientôt épuisée face à
une jeunesse palestinienne de Gaza désespérée et peut-être enragée de se
trouver régulièrement sous une pluie de bombes et depuis toujours sans
véritable perspective…
C’est pourquoi il faut absolument un projet de résolution politique, économique
et sociétale en sorte que l’intervention militaire en cours soit pertinente et
a minima efficace durablement, autrement-dit qu’elle prenne sens.
La Palestine dans son ensemble nécessite un genre de plan Marshall dont les retombées politico-économiques bénéficieraient aussi à Israël et, indirectement, à la sûreté des États voisins que sont l’Egypte et la Jordanie.
Afin qu’un tel plan ambitieux de reconstruction de la société palestinienne
connaisse un succès,
il ne suffit pas seulement que les groupes armés islamistes soient détruits ou
du moins grandement affaiblis.
Il sera essentiel et indispensable d’intégrer politiquement une Autorité
Palestinienne à un tel processus, en mettant en œuvre le meilleur moyen d’y
associer les aptitudes du Colonel Mohamed Dahlan, ancien Chef des services de
sécurité de l’OLP et actuel conseiller politique de la monarchie émirati, ainsi
que la notoriété emblématique, de Marwan Barghouti très populaire auprès des
palestiniens et ancien Chef du groupe paramilitaire du Fatah, dès lors
évidemment libéré des geôles israéliennes.
Il sera également certes audacieux néanmoins judicieux d’adjoindre, à cette
entreprise de refondation, des membres du Hamas - branche politique - qui
seraient contraints au pragmatisme ou bien réellement soucieux de la naissance
d’une Palestine pacifique et enrichie.
Certains membres des mouvances non armées, islamistes et palestiniennes,
pourraient être
«aidés» à accepter cette obligatoire contribution en y étant convaincus et
poussés par des émissaires européens, turcs, qatariens, émiratis, jordaniens et
égyptiens.
Les intérêts égoïstes, financiers, pécuniaires et narcissiques accompliraient
alors leurs bons offices, du moins là où ne primeraient point les idéologies.
De telles personnalités politiques trouveraient clairement un fondamental intérêt à construire une paix ne serait-ce qu’intéressée. La politique israélienne du « bâton » uniquement serait d’emblée vouée à l’échec si l’on ne se souciait point des « carottes », c’est à dire des bénéfices et même des profits qui pourraient rassembler assez longtemps les volontés, ce malgré leurs différences, au-delà de leurs différends.
Tant qu’une majorité de Palestiniens a le sentiment réel ou exagéré de n’avoir plus rien à perdre, elle demeurera aisément recrutable dans les aventures les plus tragiques.
Il se révèlera nécessaire de faire en sorte que le peuple palestinien, ses dirigeants et représentants rationnels ou rationalisables aient bien à perdre autant qu’à y gagner à se réinventer intérieurement ainsi qu’en leurs relations avec leur voisinage immédiat israélien, égyptien et jordanien.
Afin qu’un tel projet soit réalisable, il sera impératif de former un organisme bancaire international apte à coordonner des fonds d’investissement entièrement dévolus à la construction économique et sociétale d’une Palestine viable, dans un premier temps proto-étatique, en un second, vouée à devenir un État indépendant et pleinement responsable de sa conduite.
Les contrôleurs de gestion de ces investissements ne devront en aucun cas se
trouver en conflits d’intérêts palestiniens ou israéliens.
Cette cogestion internationale se devra d’avoir entre autres objectifs
l’impossibilité de toute corruption ou de toute dilapidation de ces placements
ainsi orientés vers l’aménagement urbanistique, administratif, logistique et
industriel des territoires.
Une telle politique Marshallienne et Keynésienne d’élaboration
civilisationnelle aurait pour effet de générer des centaines de milliers
d’emplois côté palestinien et israélien en créant des intérêts objectivement
conjoints soit beaucoup à perdre mutuellement et réciproquement.
Cette restructuration territoriale, culturelle et démographique, devra être
envisagée selon le principe d’une ou de plusieurs véritables frontières
garantissant un maximum possible d’homogénéité territoriale pour chacun des
deux États amenés à être distincts.
Afin que les palestiniens aient des devoirs vis-à-vis d’Israël et de la communauté internationale, il sera impératif qu’ils aient enfin des droits nationaux et internationaux ainsi qu’un digne statut dans les instances internationales.
On ne peut, en effet, exiger des garanties sécuritaires qu’en établissant un
contrat de coexistence qui ne soit point léonin.
Si l’on veut vraiment pousser les populations palestiniennes à s’éloigner et
même à s’émanciper du Hamas et du Jihad islamique, il deviendra crucial de
diviser, de fragmenter habilement les mouvances islamistes en isolant les
intraitables et fanatiques de ceux qui seraient, bon gré mal gré, intégrables à
ce projet positif dans la mesure où y percevraient des avantages bien
supérieurs…
Un individu ou un peuple qui n’a rien à perdre en même temps que plus rien à
espérer se vivra subjectivement comme n’étant condamné qu’à la férocité
suicidaire et meurtrière !
Même si la frayeur et la défiance d’Israël se comprennent parfaitement après
les actes génocidaires commis par le Hamas le 07 octobre dernier, il est
illusoire de croire qu’une politique israélienne de contrôle à pure visée
sécuritaire puisse ébaucher un plan de stabilité, sans même parler d’un plan de
paix pourtant historiquement incontournable, car indispensable à la pérennité
et à la prospérité des nations du Proche-Orient.
La sûreté et la sécurité pour les deux populations seront certes des critères
sine qua non, cependant ne sauraient constituer une fin en soi ; ce sont des
conditions nécessaires mais insuffisantes pour apaiser, et a fortiori
incomplètes, s’il s’agit sérieusement de pacifier la région à long terme.
La sûreté et la sécurité sont des modalités obligatoires insérables en un
processus plus large de liberté et de souveraineté respective, incluant le
rapatriement des colons dans le territoire légal d’Israël depuis 1967. Pour motiver cette « décolonisation» progressive, pour réaliser ce
désimplanta-sionisme, il conviendra d’en fournir les moyens financiers, fiscaux
et techniques à Israël en l’y incitant politiquement, via ce plan international
et loco-régional de redistribution et de réhabilitation sociale et matérielle. Là pourrait se concrétiser un matérialisme historique efficient !
Or, malheureusement, il semble à ses propres dires, que le Premier Ministre israélien veuille mener une politique de pur contrôle total de la bande de Gaza, se limitant longtemps à n’être qu’un objectif sécuritaire pour Israël à son Sud-ouest.
Seulement, il est évident pour tout esprit lucide et prospectif que la sécurité pour la sécurité mènerait à son exact contraire : l’insécurité durable ! En découlerait alors la haine prolongée ou renouvelée sur fond de misère, d’oppression, d’infantilisation, de frustration et d’humiliation de la partie palestinienne, qu’elle soit laïque, musulmane ou chrétienne.
Il s’agit pour les la plupart des partisans de Netanyahou d’une idéologie
d’hégémonie sans la moindre philosophie éthique et politique, sans la moindre
vision à long terme.
Cette domination israélienne relevant d’un sionisme d’extrême-droite
nationaliste et théocratique nuit déjà et nuira encore aux intérêts d’Israël et
des israéliens.
Cette courte-vue mystificatrice, absolutiste, théologico-politique serait le
déshonneur d’Israël tout en le vouant concrètement à un danger existentiel
permanent !
Ce dirigeant israélien n’ayant tiré aucun enseignement de l’histoire,
continuerait alors de confondre la politique politicienne avec le politique -
une confusion également entre le domaine tactique et l’art stratégique, entre
le pouvoir pour le pouvoir, et la responsabilité du devoir ! -
Celui du politique vis-à-vis des destinées et destinations nationales !
Ce gouvernement israélien empêtré délétèrement dans ses tribulations, entre
esprit de vengeance et aspiration à la justice, mènerait alors son pays et ses
peuples, droit vers une prochaine catastrophe, l’énième répétition d’un
mécanisme de l’échec faisant in fine le jeu de ses ennemis intérieurs et extérieurs
et plus largement des tueurs de démocratie et de modernité.
Après la guerre que Carl von Clausewitz disait n’être que : « le prolongement de la politique par d’autres moyens », un autre avenir demeure possible à la condition que les acteurs de ce conflit en décident en se saisissant de leur histoire et de leur géographie pour tâcher de ne plus les reproduire funestement faisant du déterminisme une fatalité ! Être malin stratégiquement, machiavéliquement, n’empêche guère d’être bon et juste éthiquement et politiquement, bien au contraire ! Transcender les affects nonobstant leur violence, est la seule voie stoïcienne d’une sagesse politique pragmatique !
Cette nouvelle donne holistique régionale finissant par élaborer une Palestine
libre, déshumiliée, sortie du malheur et, par conséquent, de moins en moins
hostile, aiderait les États, gouvernements et peuples musulmans, arabes ou non
arabes, à s’affranchir de leurs mafias extrémistes et fanatiques privées ainsi
de cette cause palestinienne à mordre et à ronger !
Sun Zu nous aura brillamment enseigné que l’Art de la Guerre est au fond celui
de la paix :
la seule victoire finale acceptable !
Bien que « l’homme soit un loup pour l’homme » - « homo homini lupus » selon
Plaute repris par Thomas Hobbes, si l’histoire a un sens, il ne peut être que
celui-ci :
la coopération impérieuse de ces « loups » du genre humain…
L’ occurencielle meute des loups solidaires valant bien mieux que la
sempiternelle émeute !
Ory Lipkowicz.
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